Le Far West

Au moment où nous écrivons ces lignes, en mars 2022, sur plus de 150 scénarios d’escape game différents à Paris, un seul propose un voyage au Far West : cette salle signée The Game, 11e réalisation de l’enseigne.

Le monde du western est pourtant un univers iconique que toutes les générations sont capables de se représenter en une fraction de seconde, un terreau fertile sur lequel il y a tant à imaginer. Un revolver Colt, un chapeau Stetson, une étoile de shérif, un verre de gnôle et des éperons… Rien que ces quelques accessoires suffisent à transporter au pays de Lucky Luke. Ajoutez un joli et immersif décor comme The Game a l’habitude d’en produire, et vous retrouverez notre équipe en train de s’exercer au lasso et de danser la country !

Le scénario

« Au milieu du désert, la ruée vers l’or attire les plus grands aventuriers ! Dans cet environnement hostile, tous rêvent d’une seule chose, trouver la mine qui les rendra riches. Votre équipe part à Molly Town, avec son saloon, ses cowboys et ses bandits ! Alors mettez vite vos chapeaux, car la diligence est prête à partir. »

J-1. Un texto nous informe qu’un grave événement vient de se dérouler à Molly Town. Mais quand certains ont peur du danger qui rôde, d’autres identifient des opportunités financières… C’est le cas de l’interlocuteur dont nous faisons la connaissance le lendemain, à quelques pas du saloon de la ville. Comme souvent en préambule des rooms de The Game, cette rencontre dévoile ce que cachent les quelques lignes de scénario officiel : après une courte discussion, nous savons précisément quel est notre objectif et les différentes étapes nécessaires pour le remplir. Il ne nous reste plus qu’à nous lancer…

De brillantes séquences de transition scénaristique

Nous poussons la porte du saloon, descendons quelques marches et… faisons face à une nouvelle porte close. Effacer ce premier obstacle passera par une manipulation étrange, peu réaliste. Cela sera le cas à plusieurs reprises durant le jeu : on pense par exemple à un coffre verrouillé par un improbable questionnaire, ou encore à l’étonnante ouverture d’un élément au regard de l’action réalisée. Les énigmes ne sont généralement pas intégrées de manière plausible au vu de la situation dans laquelle les joueurs sont placés et il s’agit-là du point faible de « Far West ».

En revanche, lorsque l’on effectue un pas de recul, que l’on observe la trame narrative et ses différents jalons, le pari est réussi haut la main et compense largement cette faiblesse : on a très régulièrement la sensation de progresser, de se rapprocher du but, on sait grosso modo où on en est et ce qu’il reste à accomplir. D’ailleurs, l’enseigne brille particulièrement lors de séquences de transition scénaristique qui l’amène à déployer des mises en scène très originales et abouties.

Pendant 60 minutes, The Game réserve de belles surprises et des effets wahou qui font mouche – tantôt qui servent aux casse-têtes, tantôt que l’on accueille comme des récompenses pour avoir résolu une énigme. Ils se révèlent au sein d’assez vastes environnements très soignés, pittoresques et cinématographiques. L’enseigne parisienne ne cultive généralement pas le mystère au sujet de ses décors, et ceux du « Far West » ne font pas exception : les photos dont The Game se sert pour communiquer, dont l’image visible en haut de cette page fait partie, donnent à elles seules envie de partir à l’aventure. Ces clichés sont fidèles à ce que vous découvrirez sur place : grâce à un éclairage tamisé et maîtrisé, les pièces ont des allures de parc d’attraction. Une musique de western entraînante, un pertinent système de game mastering et les nombreux accessoires disponibles réhaussent encore un peu plus l’immersion, qui est excellente.

L'appât du gain, l’amour du risque… et une tonne de fun

Les casse-têtes sont très abordables et parfaitement adaptés aux débutants. « Le Far West » se classe du côté des missions qui misent sur le fun plutôt que des jeux où la réflexion est centrale, et c’est justement là que cette salle construit toute sa réussite ! Le plus dur est de repérer certains détails cruciaux ; une fois ce stade dépassé, les différents éléments sont aisément associables et on comprend tout de suite ce qu’il faut effectuer, ce qui rend la partie très fluide et satisfaisante, très agréable et amusante.

Les dernières minutes sont narrativement intéressantes mais à double tranchant en termes de jeu : elles parviennent à transmettre une impression de « présence » au service d’une géniale idée, provoquant ainsi un sentiment qu’on avait encore jamais éprouvé dans un escape game. Mais cette séquence se déroule alors que l’on doit résoudre une énigme peu convaincante selon nous : son principe de résolution est clair, certes, mais une légère erreur pourra rapidement être synonyme de frustrations. Difficile de savoir où on s’est trompé... Ce casse-tête final répond néanmoins à une logique collaborative dont The Game use toujours en guise d'ultime étape, ce qui est un excellent point : rien de tel qu’un effort collectif pour achever une mission en beauté.

« Le Far West » est une réussite, une salle super feel-good très plaisante à vivre. Ses énigmes ne sont pas très complexes, si bien que l’on se laisse avant tout porter par les surprises, et bien sûr par l'appât du gain et l’amour du risque, inséparables de l’Ouest américain du XIXe siècle. Cet escape game vous fera voyager à l’époque où brutes et truands réglaient leurs différends à coup de pistolet pendant que l’imperturbable pianiste du saloon continuait à ambiancer les amateurs de poker. Molly Town est impitoyable… À vous de tirer votre épingle du jeu !

Découvrez le teaser vidéo de la salle « Le Far West » :