Un vent de conspiration souffle sur Versailles. À la cour, impossible de faire confiance à quelqu’un. Les aristocrates se regardent en chiens de faïence. Pour autant, impossible de s’extraire de son obligation de participer aux audiences royales. Avoir l’oreille du roi et de la reine est nécessaire pour accroître son influence au sein du château. Voici les grandes lignes du contexte dans lequel s’inscrit une partie de Royal Secrets.
Ce jeu de société sorti en janvier 2021 est édité par Funnyfox, l'un des studios de Hachette Boardgames. Cet éditeur nous avait surpris avec sa première création, Dinner in Paris. Royal Secrets est-il à la hauteur de son aîné ? Nous empoignons à toute vitesse notre plus belle perruque et nos plus beaux atours pour aller susurrer des mots doux aux altesses.
Principe du jeu
Dans Royal Secrets, vous incarnez l’espion d’une puissance étrangère à la cour de France. Le jeu se déroule en sept manches, qui correspondent aux sept audiences auxquelles vous devez participer. Chaque audience prend la forme d’une carte sur laquelle sont inscrits un score d’influence à atteindre pour que l’audience soit réussie, une faveur (capacité offerte à un des joueurs qui remporte l’audience) ainsi que des points de victoire (qui peuvent être gagnés ou perdus).
Pour influencer les altesses royales, chaque participant doit envoyer des courtisans et/ou des valets. Ces personnages prennent la forme de cartes d’une valeur de 0 à 40 points pour les courtisans et de -10 à +20 pour les valets. Chaque joueur possède également une carte excuse, qui lui permet de quitter une audience sans en payer les conséquences si cette dernière n’est pas réussie.
Déroulement d’un tour
Chaque manche se déroule en trois phases :
- Le choix de l’audience. À tour de rôle, chaque joueur annonce s’il participe à l’audience du roi ou de la reine en plaçant son pion sur le plateau. Plusieurs concurrents peuvent participer à la même audience.
- L’envoi des émissaires. L’un après l’autre, les joueurs placent une carte de leur main sur l’audience pour laquelle ils se sont positionnés. La première carte peut être posée face cachée ou face visible. La seconde est posée dans le sens inverse de la première (face cachée si la première a été posée face visible).
Si un joueur se retrouve seul à une audience, le cardinal fait office de second participant. Sa première carte est placée face cachée et la seconde face visible. Les valeurs des cartes cardinal oscillent entre -10 et +20 points. - La résolution des audiences. Quand tous les joueurs ont posé deux cartes, elles sont révélées et les points sont comptés. Si la valeur totale des cartes misées lors d'une audience est supérieure ou égale à la valeur d’influence inscrite sur la carte, elle est réussie. Les joueurs gagnent le nombre de fleurs de lys inscrit sur la carte. Si l’un d’eux est majoritaire en points d’influence, il gagne la carte audience et la faveur qui lui est associée. Si les joueurs sont à égalité, comme à la bataille, ils choisissent une carte de leur main. Le joueur qui a la carte à la valeur la plus haute remporte la carte audience et la faveur. En cas de nouvelle égalité, la carte audience est défaussée.
Si la valeur totale des cartes misées est inférieure à l’influence requise, les joueurs de l’audience perdent le nombre de fleurs de lys inscrit sur la carte audience et cette dernière est défaussée.
Dans cet exemple, pour que l'audience du roi soit réussie, la somme des valeurs des cartes jouées par les participants à cette audience doit être supérieure ou égale à 20 points. Si l'audience du roi est réussie, tous les joueurs qui y ont participé gagnent deux fleurs de lys. Le joueur majoritaire remporte la faveur « corruption ». Si l'audience est perdue, les joueurs perdent deux fleurs de lys.
Durant ces phases de jeu, un participant peut utiliser une faveur qu’il a acquise en remportant une audience précédente. Chaque faveur est jouable pendant une phase de jeu spécifique. Soyez donc vigilant pour ne pas rater une occasion de profiter de vos bonus.
Notre avis
De prime abord, ce jeu de gestion de main peut paraître assez classique. En début de partie, chaque joueur se retrouve avec la même série de cartes de valeurs différentes. Ainsi, pour avancer dans le jeu, vous devez à la fois économiser vos ressources et analyser le jeu des autres pour déduire quelles cartes ils ont encore en leur possession. Sur le papier, rien de très nouveau.
Pour autant, Royal Secrets est différent de la majorité des jeux que nous avons l’habitude de vous présenter. En effet, ici le bluff occupe une place importante dans les stratégies. L'une des deux cartes étant posée face cachée, vous pouvez induire vos adversaires en erreur en leur faisant croire que vous allez saborder l’audience ou que vous avez mis sur la table une carte excuse. N’oubliez pas : seul le plus fourbe l’emportera.
Petite mise en garde pour les plus susceptibles : vous devez faire vôtre l’adage « diviser pour mieux régner ». Au fil des manches, vous aurez sûrement besoin de monter les joueurs les uns contre les autres, et vos adversaires essaieront à leur tour de vous ostraciser. Ne soyez pas trop sensible à ces attaques et faites front ! Le jeu peut aussi vous amener à des alliances de circonstance afin de vous liguer contre le concurrent en tête, par exemple. Toutes les occasions sont bonnes pour prendre un avantage.
Attention aussi aux batailles stériles. L’objectif numéro 1 est d’accumuler des fleurs de lys en remportant des audiences. Lors d’une partie, je me suis lancé dans un combat face à un concurrent. Nous nous sommes affrontés à coup de faveurs. Cette stratégie a été un échec cuisant. La troisième joueuse, qui s’est focalisée sur la résolution des audiences sans forcément être majoritaire, a remporté la partie… et de loin. Les faveurs sont de bonnes aides si vous pensez bien votre stratégie. En revanche, cumuler les faveurs et les utiliser ne peut pas être une stratégie à part entière.
Nous avons beaucoup apprécié Royal Secrets. Nous aimons nous chamailler entre partenaires de jeu, il ne pouvait donc que nous plaire ! En plus des caractéristiques que nous venons d’aborder, il convient de mentionner deux points forts :
- La rapidité des tours. Étant donné que les stratégies à bâtir ne sont pas très poussées, pas besoin de beaucoup réfléchir avant de passer à l’action.
- Son dynamisme. L’ordre dans lequel les participants abattent leurs cartes n’est pas figé dans le marbre. Lorsque le premier joueur est désigné et qu’il a posé sa première carte, il choisit qui est le prochain à poser la sienne. Le deuxième joueur désigne alors qui sera le prochain participant. Ce processus se répète jusqu’à la fin de la partie.
Êtes-vous prêt à vous lancer dans une aventure faite de négociations, de bluff et de mensonges ? Le roi et la reine de France vous attendent !