Stranger signes

On ressent toujours une pointe de nostalgie lorsqu’on pose un pied à HintHunt. L’enseigne d’escape game parisienne est la toute première à avoir ouvert dans l’Hexagone, en décembre 2013. Le temps a passé et, depuis, de nombreuses salles ont vu le jour partout en France.

Fin 2019, l’établissement du 3e arrondissement de Paris a renouvelé une partie de ses aventures en inaugurant deux missions : « Dracula », dans laquelle les joueurs partent à la chasse au vampire, et « Stranger signes », longtemps connue sous le nom de « L'expérience interdite ».

Dans cette dernière room, que nous avons testée en août 2025, des savants sont allés beaucoup trop loin… 

Le scénario

« Des scientifiques se livrent à de multiples expériences au sein d’une base secrète en plein cœur de Paris. Pour pousser toujours plus loin leurs investigations, ils ont besoin de cob…hum de volontaires pour tester les limites de l’au-delà et explorer l’autre côté du voile. Nous craignons que les savants ne soient déjà allés trop loin et aient dérangé des forces qui les dépassent. Saurez-vous les affronter et en revenir indemne ? »

Administration des univers et des réalités alternatives

Après avoir fait la connaissance de notre game master du jour, nous montons les quelques marches qui nous séparent de la société Aura, acronyme de Administration des univers et des réalités alternatives. Un grand panneau jaune et noir « danger » aurait sans doute dû nous mettre la puce à l’oreille ; en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, nous voilà en mauvaise posture.

Le tout début de l’escape game nous a rendu assez confuses : le brief narratif développé par la GM et l’audio contextuel que l’on entend lors des premières secondes du jeu n’allaient pas dans le même sens, créant un décalage regrettable dans le récit. Nous n’étions plus sûres de comprendre ce que l’on faisait là, quel était notre objectif ni pourquoi le personnage qui nous parlait entrait en contact avec nous. Qu’à cela ne tienne, nous étions prises au piège et devions absolument nous dépêtrer de ce guet-apens… Nous avons donc logiquement commencé à explorer les lieux.

Aucun doute, nous nous trouvons dans un laboratoire. La lumière est tamisée. Nous passons du temps à observer les murs de la pièce, sur lesquels des stigmates témoignent d’événements glaçants… L’idée que HintHunt s’est mis au défi de matérialiser est loin d’être évidente. Même si on remarque parfaitement le travail mis en œuvre, qui cultive d’ailleurs une référence à la série télé qui a inspiré le nom de la salle, « Stranger Things », il faut bien reconnaître que sans la bande-son informative initiale les décors ne nous auraient pas vraiment permis de décrypter la situation.

Globalement, les allusions à « Stranger Things » se font assez discrètes – ce qui n’est pas du tout dérangeant. Mis à part ces éléments visuels dispatchés dans les décors, on a juste noté l’utilisation d’un prénom, mais aussi l’apparition d’une certaine créature annonçant un rebondissement… qui malheureusement ne survient jamais !

La chair de poule, mais pas trop

La première partie du jeu est selon nous la plus réussie. Elle exploite une ligne directrice intéressante qui, pour la première fois à HintHunt, octroie une dimension théâtrale au game master. La mise en scène déployée, à la fois surprenante et amusante, crée indéniablement son petit effet, même si elle aurait pu être un tremplin idéal pour pousser nettement plus loin le gameplay comme le storytelling. Toujours durant cette première séquence, on peut aussi relever le choix loufoque et rigolo de l’objet par l’intermédiaire duquel vous recevrez des indices si besoin. Ce choix est assez représentatif de l’esprit de l’aventure : vous évoluerez dans l’ambiance sombre d’un labo qui donne un peu la chair de poule, mais pas trop. Une péripétie pourra faire sursauter les plus sensibles, pour le reste vous ne ferez jamais face à quoi que ce soit d’effrayant ni de gore.

Les énigmes sont linéaires. Leur construction est assez simple et elles s’avèrent très fluides, même si notre partie a été émaillée de deux problèmes techniques – une panne et un bug –, que notre maîtresse du jeu a géré comme elle pouvait. « Stranger signes » ne renferme qu’un seul cadenas, justifié au sein de l’intrigue. Vous serez souvent amené à presser des boutons, un peu toujours les mêmes d’ailleurs, ce qui est dommage car cela donne une impression de déjà-vu.

Si les proportions de fouille, de manipulations et de réflexion de « Stranger signes » semblent assez équilibrées, la première composante prend malgré tout légèrement l’ascendant. Vous devrez faire preuve de beaucoup d’observation et dénicher de nombreux petits objets nécessaires à votre progression, même si ce cache-cache quasi permanent est très abordable et bien balancé.

Une grosse machine fait office d’élément central. D’un point de vue scénaristique, il est difficile d’expliquer à la fois sa forme et ce qu’elle contient, cela étant dit elle donne lieu à trois courtes séries de casse-têtes agréables à prendre en main.

Pas évident de faire preuve d’originalité lorsqu’on aborde la thématique du laboratoire, maintes et maintes fois exploitée par les escape rooms partout dans le monde. « Stranger signes » esquisse pourtant un début de piste à fort potentiel, qu’on aurait aimé voir poussée plus loin pour donner vie à une expérience plus marquante, aux énigmes plus novatrices et à l’immersion plus aboutie.