T-Rex Mission

Dans son enseigne du 2e arrondissement de Paris, Escape Lab a créé une expérience en deux volets consacrée aux dinosaures : à « Raptor Project », salle née en septembre 2023, est venu s’ajouter « T-Rex Mission » en février 2025. Ces deux aventures se déroulent au sein de deux zones distinctes de la même entreprise fictive, Genesis Lab, connue pour ses recherches avant-gardistes sur l'ADN.

Après être intervenues en urgence lorsque des créatures préhistoriques menaçantes s’étaient échappées de leur enclos, cette fois cet épisode s’annonce moins dangereux. Du moins sur le papier… En ce dimanche de juillet 2025, notre objectif est avant tout de jouer les apprentis secouristes auprès de quelques spécimens en détresse.

Le scénario

« C'est dans ce laboratoire expérimental que sont créés les dinosaures. Des raptors, des T-Rex et bien d'autres. Tous n'ont pas survécu, plusieurs crânes et squelettes en témoignent. Mais des créatures vivantes sont dans les lieux. Aucune trace du Dr Ninge sur place. Prenez le relais et sauvez-les ! Au fait... quelques problèmes sont survenus, mais pas d'inquiétude, un système laser permet de sécuriser l'accès à la biosphère, au vivarium et à l'incubateur. Tout devrait bien se passer. »

Entre Jurassic Park et Grey's Anatomy

Nous sommes accueillies par une jeune laborantine parfaitement dans son rôle, qui nous accompagne jusqu’à l’accueil de Genesis Lab, une petite pièce baignée d’une inquiétante lumière rouge. Quelques blouses blanches sont suspendues dans un coin, à côté d’un balai sans doute abandonné par l’équipe de propreté du complexe scientifique… Après avoir patienté pendant quelques secondes, nous découvrons le lieu de notre mission, un vaste espace au design épuré. 

« T-Rex Mission » a plusieurs points forts à son actif, en premier lieu l’originalité de son intrigue. Escape Lab exploite la thématique des dinosaures en l’abordant sous un prisme que nous n’avions jamais vu jusqu’ici, entre « Jurassic Park » et « Grey's Anatomy ». Nous ne vous en dirons pas plus ! Ce scénario se matérialise surtout grâce à ce qui peut être considéré comme la pièce maîtresse de la room, un superbe mécanisme très attendrissant, qui réagira à vos actions. Nous avons passé de longues secondes à le contempler.

Exactement comme dans « Raptor Project », Escape Lab s’en sort aussi très bien dès qu’il s’agit de représenter des dinosaures, de simuler leur présence. Malheureusement, dans « T-Rex Mission » on compte nettement moins de séquences de la sorte. Mais le peu que l’expérience propose nous a plutôt convaincues. Celle à laquelle vous assisterez au début est assez rigolote : elle ajoute un rebondissement cocasse tout en insufflant un peu de vie dans ce laboratoire aseptisé.

On note également de bonnes idées dans la construction et le déroulé du jeu. On pense au game design qui se dévoile une fois le premier quart de la partie passé, intelligemment élaboré si on l’approche dans sa globalité, et encore une fois assez original. On pense aussi à la façon dont le game master communique les informations essentielles à la résolution des énigmes au fil des 70 minutes, de manière progressive et immersive. Enfin, on pense à une étape qui, en théorie du moins, a tout pour casser le rythme et le ton très sérieux de cet univers, comme une parenthèse de fun bienvenue – nous n’avons pas eu de chance puisque ce mécanisme a buggé pendant notre test, rendant l’épreuve injouable.

À la pointe d’une technologie futuriste ?

Mais « T-Rex Mission » a également plusieurs points faibles à notre avis, notamment en ce qui concerne ses casse-têtes. Régulièrement, il nous a semblé que leur finalisation pêchait un peu, qu’ils n’étaient pas toujours parfaitement ficelés, ce qui nous a occasionné quelques moments de flottement, d’incompréhension et d’hésitation. La « parenthèse de fun » évoquée ci-dessus en est un bel exemple : alors que cette séquence pourrait être très dynamique, centrée sur les mouvements et les déplacements des joueurs, l’enseigne la complexifie inutilement selon nous, en utilisant en outre un énoncé prêtant à confusion. Résultat : alors qu’on a instinctivement le sentiment d’être dans une phase de pure action, on se retrouve coupé dans notre élan, figé, à réfléchir au lieu d’agir, ce qui crée une vraie dissonance.

De la même façon, la mission propose toute une énigme optionnelle amusante bien qu’assez chronophage, un principe intéressant… sauf qu’on ne comprend pas que cette étape est facultative. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvées à regarder la vidéo scénaristique finale avec tous nos objets inutilisés en main, en se disant qu'il devait forcément y avoir une erreur puisque nous n’avions pas terminé le jeu.

Le second point faible de la salle d’Escape Lab, ce sont ses décors, ce qui impacte inévitablement l’immersion. Le labo dans lequel on évolue essaie bel et bien de nous projeter au cœur d’un complexe scientifique spécialisé dans l’étude des dinosaures, néanmoins à l’exception d’une ou deux machines cette représentation est trop simple, presque passe-partout. Nous n’avons ainsi jamais vraiment l’impression d’être face à des équipements à la pointe d’une technologie futuriste.

Il est facile de passer à côté de tout le potentiel de « T-Rex Mission » en raison de ses différentes imperfections. À vrai dire, ce n’est que lors du débriefing, au fil des explications de notre GM, que nous avons mesuré les nombreuses bonnes idées que la room contient ! Nous espérons voir ses casse-têtes fignolés et son immersion enrichie afin qu’elle se hisse peut-être, un jour, au niveau de son aînée « Raptor Project ».