Depuis notre voyage sur l’île de Pâques en juillet 2018 dans le cadre d'une mission qui nous avait été confiée par l’enseigne d'escape game lyonnaise Imaginarium Game, nous n'avons eu de cesse de penser aux Moaï, ces colosses de roche aux nez proéminents, plantés dans la terre.

Trois années plus tard, c’est au tour de l’éditeur de jeux de société Matagot de nous faire retourner sur cette île située à 3525 km des côtes chiliennes. Dans ce jeu créé par Fabrice Besson et Guillaume Montiage, et illustré par Miguel Coimbra, nous incarnons les chefs de village de l’île de Rapa Nui, le nom de l'île de Pâques en polynésien. Notre mission : fabriquer et ériger des Moaï. À vos burins, prêt, sculptez !

Principe du jeu

Grâce à leur sagesse et la compétence de leurs ouvriers, les différents chefs de village de l’île de Rapa Nui se lancent dans des constructions tous azimuts. Les habitants sont mobilisés pour sculpter, transporter et ériger des Moaï et des Pukao (le chapeau d’un Moaï). Ce travail est récompensé par l’accumulation de ressources qui peuvent être échangées contre des offrandes.

Au début de la partie, chaque tribu peut compter sur quatre villageois et un sorcier. Au gré des constructions, les joueurs vont pouvoir se faire épauler par un cinquième villageois et/ou le chef de village.

Rapa Nui - Mise en place

Pour construire des Moaï, vous devez placer des villageois, aussi appelés sculpteurs, sur les différents emplacements de la carrière : sur la première colonne pour un petit Moaï, sur les deux premières pour une construction de taille moyenne, et enfin sur chacune des trois colonnes pour un grand Moaï. Attention, les emplacements sont en nombres limités.

En parallèle de la construction des statues, les joueurs doivent également poser des villageois pour préempter des parcelles de l’île. C'est sur ces dernières que vous pouvez ériger un Moaï et récupérer en échange des ressources ainsi qu'une tuile qui confère un avantage temporaire ou permanent. Ces villageois, qu’on appelle transporteurs, doivent être savamment placés car ils sont aussi utiles pour transporter les Moaï que aurez construits. En effet, pour déplacer une statue du site de construction à votre parcelle, il faudra impérativement que celle-ci bouge sur des cases occupées par des transporteurs, qu'ils soient de votre tribu ou non.

Si vous souhaitez construire un Pukao, le principe est le même : il doit y avoir une ligne continue de transporteurs entre la carrière et la parcelle sur laquelle se trouve un Moaï déjà construit et un villageois de votre tribu. La construction d'un Pukao, elle, est gratuite.

Lorsqu’un adversaire transporte un Moaï ou un Pukao en passant par une case où se trouve un de vos transporteurs, vous recevez une ou plusieurs ressources. Ces dernières vous permettent d’acheter des améliorations ou des offrandes. 

La partie s’arrête lorsque, à la fin d’un tour, il reste autant ou moins de parcelles inoccupées par des Moaï que de joueurs. Chaque joueur additionne alors les points de victoires remportés grâce aux tuiles offrande et ajoute un point par ressource restante sur son plateau individuel. Selon le mode de jeu, d’autres items peuvent rapporter des points aux joueurs. Le joueur ayant le plus de points de victoire gagne la partie.

Rapa Nui - Illustration

Déroulement d’un tour

La partie se déroule en plusieurs manches découpées en trois phases.

La pose des figurines : à tour de rôle, les joueurs posent leurs quatre figurines villageois, soit dans la carrière soit sur une parcelle qui n’est pas occupée par le pion d’un adversaire.

C’est durant cette première phase que le sorcier doit être joué. Il permet de modifier l’ordre du tour des phases de la manche en cours et celui de la première phase de la manche suivante. Le fonctionnement de ce pion est simple : le premier joueur qui joue le sorcier devient le premier joueur lors de la phase suivante, le second le second joueur, et ainsi de suite.

Les joueurs ne peuvent placer qu’un seul pion à tour de rôle. Quand il ne leur reste plus aucun pion entre les mains, la phase suivante démarre.

La sculpture des Moaï : dans l’ordre du tour nouvellement déterminé, chaque joueur prend, dans la réserve, le ou les Moaï auxquels il a droit, en fonction des sculpteurs qui se trouvent dans la carrière.

Le transport des Moaï et des Pukao : tour à tour, chaque joueur transporte l'un des Moaï qu’il a construit ou un Pukao. Quand un villageois a érigé une construction, il est déclaré « fatigué ». Il ne peut plus ériger de construction pendant le reste de la manche. En revanche, il peut toujours transporter des constructions et permettre à sa tribu d’accumuler des ressources.

Lorsqu’un Moaï est coiffé d’un Pukao, le joueur peut récupérer une tuile offrande en payant le coût indiqué sur le plateau de jeu.

Les Moaï sculptés mais non érigés à la fin de cette phase retournent dans la réserve. 

Rapa Nui - Illustration 2

Notre avis

Les mieux renseignés d'entre vous se seront peut-être rendus compte que cet univers et cette mécanique ressemblaient fortement à un ancien jeu de Matagot : Les Géants de l’île de Pâques. En effet, Rapa Nui est une version remaniée de ce jeu créé par Fabrice Besson et sorti en 2008. Par rapport à son prédécesseur, Rapa Nui a fait l’objet d'une simplification des règles, ce qui le rend plus fluide et plus dynamique.

Rapa Nui est un jeu classique de gestion de ressources et de placement d’ouvriers. Si vous adorez les jeux dans la veine de Catan, vous ne devriez pas être déstabilisé par sa mécanique. Il présente tout de même plusieurs originalités qui lui permettent de multiplier les interactions entre les joueurs :

  • La définition de l’ordre des tours. Dans pas mal de jeux, on peut se sentir frustré lorsqu’on est le dernier joueur, surtout quand il y a une mécanique de pose et que les emplacements sont communs. Le fait que le tour de jeu puisse évoluer à chaque manche ajoute un peu de fraîcheur… à condition de ne pas oublier cet aspect des règles. En effet, le sorcier doit être placé au cours de la phase de pose. Durant nos parties, cette action a souvent été la dernière que nous avons réalisée. Pourtant, il ne faut pas la négliger. En effet, si pendant la phase de pose, trois joueurs ont construit un moyen Moaï et qu’il n’en reste qu’un dans la réserve, seul le premier joueur pourra le récupérer. Les autres devront se satisfaire d'un petit Moaï.
  •  La construction des Moaï, sorte de jeu de chaises musicales où les premiers arrivés sont les premiers servis. Lors de nos parties, nous nous sommes assez peu disputés sur cet aspect du jeu. En revanche, il est indéniable que le premier joueur a un avantage étant donné que les emplacements dans la carrière sont limités.
  • Le rôle des transporteurs. Vous pouvez placer vos villageois de manière à ce que vos adversaires soient obligés de passer par eux pour transporter leurs constructions. Vous gagnerez ainsi des ressources.

Au fil des tours, une certaine asymétrie se met en place grâce aux bonus récoltés par les joueurs lorsqu’ils ont érigé un Moaï et à l’achat des tuiles améliorations. Les stratégies deviennent alors plus personnelles. Chaque joueur va vouloir scorer dans un domaine en particulier. Par moments, les objectifs convergent et on aboutit à une concurrence féroce entre les tribus.

Ce qui est aussi malin dans Rapa Nui, c’est qu’il n’y a pas qu’une seule méthode pour gagner des points. Par exemple, les Moaï construits au fil des tours ne rapportant aucun point, je me suis focalisé sur le placement des transporteurs pour cumuler le plus de ressources. Puis, dans un second temps, je me suis concentré sur le transport de Pukao pour les poser sur les Moaï érigés par mes adversaires afin de cumuler le plus d’offrandes possible. Optimisée, cette stratégie peut s’avérer payante – même si elle rend le jeu moins passionnant.

Sans révolutionner la catégorie de jeu que l’on surnomme « Eurogames », Rapa Nui plaît car Matagot a fait un très beau travail tant sur le plan du design que sur celui de la fabrication. On a aimé les figurines Moaï, détaillées, et surtout les Pukoa de formes différentes qui embellissent le plateau au fil des tours. Si vous appréciez les jeux de placement et que vous souhaitez un jeu à la thématique originale, foncez, l’univers des tikis de Polynésie vous tend les bras !

Rapa Nui

Rapa Nui

44,9 € prix conseillé
Joueurs
2 à 4
Âge
10+
Durée
45 min
Type
Compétitif