L'ombre du boulanger

Qui n'a jamais ressenti de la frustration après un escape game de 60 voire 90 minutes ? Quand une aventure est bien construite, quand son décor est immersif et son histoire prenante, on aimerait que l'expérience dure des heures et des heures. Ceci explique le succès des missions long format qui se vantent de faire vivre plus de 10 heures d'aventure, en plus d'un dîner, d'une nuit sur place et d'un petit déjeuner. Les fans de jeux d'évasion en sont très friands... et nous aussi.

Au moment où nous rédigeons ces lignes, à l'été 2025, les enseignes proposant ces salles hors normes sont peu nombreuses. Parmi elles, Escape Night. En avril 2025, nous nous sommes rendus à Faverolles-et-Coëmy, près de Reims, pour découvrir un scénario ouvert au début de cette même année : « L'ombre du boulanger ». Nous avions eu un coup de cœur pour « La loge écarlate », la toute première aventure lancée par le réseau Escape Night, en 2022. Celle-ci sera-t-elle à la hauteur ? Voici notre avis !

Le scénario

« Les habitants murmurent des histoires terrifiantes sur le boulanger reclus, Auguste Morel, et son sinistre fourneau qui ne cesse jamais de brûler. Lorsque la police découvre des preuves troublantes suggérant que les disparitions qui sévissent dans la région pourraient être en lien avec cette boulangerie, la ville est plongée dans un état de terreur. Mais malgré les enquêtes, aucune preuve concrète n'a jamais été trouvée.

L'histoire attire l'attention d'un groupe d'enquêteurs chevronnés, spécialisés dans les mystères sombres et les histoires non élucidées. Ils se lancent dans une enquête périlleuse pour découvrir la vérité derrière les activités de la boulangerie. Mais à mesure qu'ils exploreront les profondeurs lugubres de l'immense demeure, ils réaliseront quelle machination impitoyable exige un tribut pour maintenir le fourneau en marche. »

En immersion dans une vieille boulangerie

À l'heure dite, nous nous postons devant l'entrée de la boulangerie. Sa devanture est criante de réalisme. Et pour cause, il s'agissait d'une véritable boulangerie il y a encore quelques années ! Nous entrons et sommes accueillis par Charlie, l'apprenti d'Auguste Morel. La boutique est bien achalandée. On retrouve différentes variétés de pain, des gâteaux, des sandwiches... Nous sentons les effluves sucrées des pâtisseries qui se trouvent dans les frigos.

Mais pour l'heure, nous avons une enquête de la plus haute importance sur le feu. Nous partons alors à la découverte des pièces à vivre, situées à l'arrière de l'échoppe. Nous nous trouvons dans une maison de village à l'ambiance – très – désuète. Dans la pièce principale, des tableaux, du mobilier en bois ancien et des animaux empaillés. Des enceintes diffusent des airs de musette. Un véritable voyage à la campagne dans les années 1960.

Pendant les deux premières heures de jeu, nous menons nos investigations avec un peu de retenue. Nous essayons d'être discrets. Comme nous ne connaissons pas notre hôte, nous préférons rester sur nos gardes, même si Charlie essaie de nous mettre à l'aise. Nous découvrons les chambres dans lesquelles nous allons dormir, ainsi que la terrasse pendant qu'il fait encore jour. Pour le moment, rien d'inquiétant à l'horizon et les indices commencent à s'accumuler.

Les premières énigmes que nous résolvons et actions que nous effectuons sont un peu scolaires. En revanche, elles s'intègrent bien dans le contexte de la boulangerie. Nous préférons nous réfréner : ces jeux long format se terminent tard dans la nuit, autant ne pas jeter toutes nos forces dans la bataille dès le début de la partie.

La master class du comédien

Au fil de la soirée, les interactions avec Charlie deviennent de plus en plus récurrentes. Elles permettent au maître du jeu de nous faire la démonstration de ses incroyables talents de comédien : il laisse transparaître une large palette d'émotions tout en adaptant son jeu à l'équipe qui est face à lui. L'obscurité a envahi le jardin, des craquements se font entendre aux quatre coins de la maison. Nous sommes de moins en moins rassurés. Les chansons de kermesse de village diffusées dans la salle à manger, bien que joyeuses et entraînantes, participent à rendre l'atmosphère étrange et pesante. Nous perdons peu à peu nos repères... Nous décidons d'accélérer nos investigations et de boucler l'enquête au plus vite.

Sur le plan du gameplay, tout s'enchaîne de façon assez fluide. Les manipulations sont très souvent collaboratives, un bon point étant donné que pour prendre part à cette aventure il vous faudra constituer une team de six personnes minimum. Quelques énigmes s'intègrent mieux dans la progression de l'histoire que les autres, même si la manière de les résoudre peut parfois paraître incongrue. Mais au-delà des casse-têtes, ce que l'on attend d'un escape game long format c'est surtout le fait de vivre une histoire. De ce point de vue-là, c'est carton plein. Dans « L'ombre du boulanger », le rôle du personnage endossé par le game master a été intelligemment travaillé, il participe très étroitement à la progression du récit.

Nous avons eu un coup de cœur pour cette mission. L'intrigue est bien ficelée, le terrain de jeu est très vaste et bien pensé. Ce que l'on retient par-dessus tout, c'est l'excellent jeu d'acteur de Charlie, sur qui repose toute l'expérience. Il nous aura offert une master class que l'on vous recommande chaudement.

Une dernière précision : « L'ombre du boulanger » existe en deux formules différentes, une formule nuit, objet de cet article ; et une formule jour, qui dure 4 heures, le temps d’un après-midi. Dans les deux cas, le jeu est identique.

Découvrez le teaser vidéo de l'aventure « L'ombre du boulanger » :