Mission galactique

Majestic Escape Game a été créé par Rémi et Benjamin d’EscapeGame•fr, que l’autrice de cet article connaît bien, pour travailler avec eux depuis quelques années. Malgré ces liens, cette review se veut la plus objective et honnête possible : l’équipe qui teste les salles parisiennes n’est en rien impliquée dans cette enseigne.

En février 2024, une nouvelle salle voyait le jour à Majestic Escape Game : « Mission galactique ». Dans cette enseigne d’escape game parisienne aux allures de cinéma de quartier, chaque room appartient à un genre : film catastrophe pour « Titanic », d’aventure pour « Atlantide », d’animation pour « Oggy prisonnier du temps » et de science-fiction pour la petite dernière, donc, comme son nom le laisse présager.

En ce premier jour de septembre 2024, nous prenons la direction du 1er arrondissement de la capitale pour explorer une galaxie lointaine, très lointaine, pendant 75 minutes.

Le scénario

« Depuis des siècles, le système stellaire Alpha Centauri vit sous le joug du Consortium. Cette organisation de marchands a asservi toutes les planètes de la galaxie et exploite leurs ressources. Votre équipe intègre un groupe de combattants : les Affranchis. Aujourd’hui, vous avez une chance historique de réduire cette guilde de marchands à néant ! Un vaisseau stationne actuellement au-dessus de la planète Arkonis. À son bord se trouvent tous les dirigeants du Consortium. Il faut à tout prix le détruire ! Vous avez 75 minutes pour retrouver une ancienne base militaire et utiliser son canon ionique pour détruire le vaisseau du Consortium. Dépêchez-vous, le temps est compté ! La galaxie compte sur vous. »

Un riche univers typique des space opéras

« Mission galactique » se démarque par son univers riche, son gameplay original, ses jolis décors mais aussi deux effets wahou assez mémorables.

Majestic Escape Game s’est en effet attaché à imaginer, matérialiser et raconter un monde fictif plein de vie, que l’on prend plaisir à découvrir. Noms de localités, habitants de chair ou de fer, contexte politique, échanges commerciaux, langage… tout y est. Ce lore typique des space opéras est bourré de références aux longs-métrages « Star Wars » et « Les gardiens de la galaxie », à l’attraction Star Tours des parcs Disney… ou encore à la chanteuse Dorothée !

Notre premier contact avec cet univers s’établit par l’intermédiaire des décors, l’autre point fort de la mission. Après un briefing vidéo, on est ainsi lancées sans trop de ménagement dans le grand et foisonnant bain de la planète Arkonis, dans un environnement plutôt inattendu, coloré, esthétique et tape-à-l’œil. On ne sait plus où donner de la tête tellement les détails sont nombreux. Ce décor est le plus abouti de l’aventure, juste devant un second environnement radicalement différent qui apparaît bien plus tard. Dans les deux cas, leur découverte intervient dans la foulée d’un effet wahou assez impressionnant, qui accompagne à merveille l’instant de la révélation.

L’aventure est divisée en deux parties. Pendant toute la première, le gameplay est notablement original : il s’éloigne des classiques énigmes de réflexion pour proposer de courtes manipulations intuitives qui ont toutes un seul et même objectif, que l’on voit rarement dans les escape games. Ces étapes amènent une certaine liberté en même temps que de petites surprises qui font toujours plaisir. La suite, dans un style nettement plus traditionnel, est tout aussi réussie.

Tout a été intégré à l’histoire avec soin, y compris une interaction originale et… rafraîchissante ! La fin nous a particulièrement plu : les casse-têtes sont tous collaboratifs, les mécanismes très agréables à manipuler, et une action très fun à effectuer.

Ralentissements et équilibres

Quelques facteurs ont cependant nui à la fluidité de notre session. Durant la première partie, nous avons régulièrement subi le timing aléatoire avec lequel les infos nécessaires à la compréhension des enjeux parviennent aux joueurs : les actions à effectuer sont intuitives, certes, mais les renseignements ne nous arrivent pas toujours forcément à temps car ils dépendent des actions que l’on effectue ou pas, des textes auxquels on s’intéresse ou non, de notre capacité à effectuer les bons liens... On peut donc être amené à agir machinalement, sans comprendre (encore) pourquoi, ce qui peut dérouter et nuire au rythme. Cela peut aussi notamment s’expliquer par le fait que le principal vecteur d’informations est une tablette qui peut avoir tendance à rester entre les mains d’une seule personne, ce qui ne favorise pas leur diffusion.

À deux reprises, notre game master, par l’intermédiaire d’un personnage qui trouve parfaitement sa place au sein de l’intrigue, nous a indiqué des endroits que nous ne sommes pas parvenues à identifier, ce qui a donné lieu à des moments de flottement. Cela est sans doute dû au fait que ces deux parties de décor ne sont pas aussi réussies que les autres. 

Enfin, la seconde partie du jeu vous réserve une énigme assez impressionnante au premier abord : on se dit qu’il y a tellement de possibilités qu’on n’y arrivera jamais, ce qui a fini par nous décourager alors que nous galérions depuis quelques minutes à la résoudre. Elle ne présente en réalité rien d’insurmontable, mais encore faut-il employer la bonne méthode…

Mis bout à bout, ces ralentissements nous ont causé un peu de frustration et donné la sensation de ne pas forcément avoir profité de l’expérience à sa juste valeur. Il y a en effet largement de quoi profiter dans cette salle soignée et originale à plus d’un titre, qui présente un bon équilibre entre réflexion et actions, exploration et observation, casse-têtes et narration, mécanismes et décors. La planète Arkonis connaîtra-t-elle la paix tant méritée ? Que la force soit avec vous, l’issue ne tient qu’à vous !