Le voyage spatio-temporel

À quelques minutes à pied de la gare de Perpignan se trouve TimeZone, première enseigne d’escape game à avoir vu le jour au cœur de la ville, en 2017. L’établissement s’est fait une spécialité de revisiter des univers bien connus de la pop-culture : ceux d’un sorcier à cicatrice et de contes dessinés de notre enfance par exemple.

Mais en ce mois de septembre 2021, c’est une salle inspirée des films « Retour vers le futur » que nous choisissons d’explorer. Son nom ? « Le voyage spatio-temporel ».

Le scénario

« En 2015, Biff Tannen s’est emparé de l’almanach des sports et a dérobé la DeLorean pour se rendre en 1955 et se le transmettre à lui-même. Ayant en sa possession plus de 50 ans de résultats sportifs en avance, il n’a cessé de s’enrichir grâce au jeu, ce qui lui a permis de prendre le pouvoir de Hill Valley. En changeant le cours de l’histoire, Biff en a profité pour causer la perte de la famille McFly…
Nous sommes en 2017, vous êtes les descendants de Marty McFly, et Doc vous a transmis une mission : remonter le temps, récupérer l’almanach des sports et le détruire, pour rétablir le cours normal de l’histoire et ainsi sauver le destin de votre famille. »

Mais comment voyager dans le temps sans la DeLorean, subtilisée par Biff ? Malheureusement, la réponse nous a déçus. L’enseigne a vraisemblablement pris l’expression « les couloirs du temps » trop littéralement car c’est dans un couloir que nous démarrons le jeu, face à quelques portes dont on comprend rapidement qu’elles sont des accès à différentes époques. Ce couloir a beau avoir été décoré de manière cosmique pour suggérer que l’on se trouve dans un endroit hors du temps et de l’espace, l’illusion est faible.

Une mise en scène réduite à son strict minimum

C’est là le gros point noir du « Voyage spatio-temporel » selon nous : la mise en scène du voyage dans le temps, l’essence même de cette escape room, est réduite à son strict minimum. Une fois gagné l’accès aux différentes époques à traverser, aucune séparation n’est faite entre elles et le sas de voyage, si bien que l’on peut se retrouver avec un joueur A à une époque, une joueuse B des décennies plus tard et une pookie dans le sas, qui tous trois se font coucou ou s’envoient des « Hé machin, t’as pas un truc qui pourrait m’aider avec mon cadenas ? » dans un joyeux bordel sans queue ni tête.

Ajoutez à cela le fait que des éléments utiles à une époque se situent dans une autre sans qu’on y trouve d’explication logique, saupoudrez d’un anachronisme assez imposant, faites revenir avec le constat que les énigmes ne sont pas intégrées au sein d’un quelconque scénario, agrémentez le tout d’un final tiré par les cheveux – en quoi retrouver l’almanach à cet endroit va-t-il rétablir le cours du temps et nous rendre la DeLorean ? –, et vous comprendrez que nous n’avons pas été renversés par l’immersion proposée.

De nombreux clins d'œil à Doc et Marty

Toutefois, ces défauts mis de côté, et bien que ses décors et accessoires trahissent son âge, il y a de quoi passer un bon moment dans cette salle. Les ambiances des époques rencontrées sont globalement bien retranscrites et les fans de Doc et Marty ne manqueront pas de relever de nombreux clins d'œil.

Le fait de traverser des univers aussi différents donne du rythme au jeu, les quelques manipulations sont ludiques, la fouille pas trop vicieuse et les phases de réflexion – bien que non intégrées à l’intrigue, comme soulevé précédemment – ne manquent pas de logique. Pour toutes ces raisons, il est possible que les équipes débutantes y trouvent leur compte. Les joueurs confirmés, plus exigeants, risquent eux d’être beaucoup moins emballés et de rester sur leur faim.